Le Colonel René COMBE

Officier de la Légion d’Honneur
Chef de corps du 301e GA de 1961 à 1963

Le Colonel COMBE qui avait fêté ses 102 ans le 14 octobre 2015 s'est éteint doucement le 3 Décembre.
Frappés par on ne sait quelle malédiction tous le chefs de Corps du 301/50 Honest-John avaient déjà tous disparu avant lui, dont certains relativement jeunes. Le Colonel Combe était l’exception qui confirmait la réglé de cette malédiction. Vu pour la dernière fois à l’âge de 98 ans par Georges Perrin à une réunion de l’ANOCR nous avions perdu sa trace. Grâce à notre site, son fils Pierre au nom de sa famille est entré en contact avec Max Méric et a pu nous donner de ses nouvelles alors qu'il venait d'être centenaire et en pleine forme.
Nous l’avions assuré du respect que nous lui devions pour ce qu’il avait fait et de l’exemple qu’il nous avait donné.

Nous remercions ce fils, Major retraité de l’infanterie certes, mais spécialiste mortier de 120, donc artilleur par finalité, de nous avoir donné régulièrement des nouvelles de son père qui juste quelques temps encore avant son décès était en pleine forme mais dont le déclin fut très rapide.

Ce fils a bien voulu nous transmettre les éléments qui nous a permis de rendre hommage à son père sous la forme de cette page retraçant une carrière particulièrement riche et instructive. Nous l'en remercions vivement.

Le Colonel COMBE a participé à la guerre de 39-45, puis est parti en Indochine avant d’opérer en Algérie…et revenir en Allemagne pour commander notre cher 301 !

                                                Le Président de l’amicale

                                                         Serge LEVREL


     CARRIÈRE DU COLONEL COMBE

Chevalier de la Légion d’honneur le 14 juillet 1954
Officier de la Légion d’honneur le 14 juillet 1962

Engagé au 1er R.A.D. à Auxonne en 1932
Nommé Brigadier en 1932
Brigadier/chef en 1933
Nommé Maréchal des logis en 1934
Admis à l’école d’artillerie de Poitiers en 1936
Nommé Sous-lieutenant en 1937
Affecté au 108e R.A.L.A. puis 108e R.A.L.C.A.A. à Dijon
Nommé Lieutenant en 1939
Campagne de France en 1940
Affecté au 61e R.A. en 1940
Affecté au 67e R.A. en 1940 à Constantine
Affecté au 66e R.A. en 1941 à Oran
Commandant d’unité de la 1ère batterie du 66e R.A. en 1943
Nommé Capitaine en 1943
Débarque à Saint-Raphael avec l’armée De Lattre  le 16/9/1944
Campagne de France et d’Allemagne
Finit la guerre à TAILFINGEN, lieu d’implantation de sa batterie
Affecté à l’E.A.A. à Idar Oberstein en 1945
Affecté au III/41e R.A.C. en Indochine en 1951
Nommé Chef d’escadron en 1953
Commandant le III/41e R.A.C.  en 1953
Affecté à l’école de guerre en 1954 en tant qu’instructeur en tactique
Commandant du I/18e R.A. à Alger en 1958
Affecté à l’État-major interarmées à Alger
Nommé Lieutenant-colonel en 1960

Commandant le 301e G.A. à Villingen du 1/10/1961 au 31/10/1963

Affecté à l’État-major de la 3e D.I. à Fribourg en 1963
Affecté à l’E.A.A. à Chalons sur Marne en 1964
Nommé Colonel en 1966
Mis en position de retraite sur sa demande en 1966

Chef du personnel des Galeries Lafayette à Chalons sur Marne
Chef du personnel de Singer à Reims            
Directeur du personnel chez Belin à Château-Thierry 


 

Quelques réflexions et souvenirs du Colonel Combe alors en garnison à Villingen.

Je prends garnison à Villingen en foret noire pour commander un groupe d’engins nucléaires. a ville de 50 000 h est pittoresque, épargnée par les bombardements de la guerre, entourée de forets de sapins, le paysage ressemble à la Franche Comté, d’ailleurs cette cité est jumelée avec Pontarlier; quelques industries dont le fabricant de radio SABA.
Nous occupons un appartement confortable, meublé correctement, il nous suffit d’y installer quelques bibelots pour obtenir un environnement personnel; nous profitons des facilités offertes par notre séjour en Allemagne pour procéder à quelques achats d’équipement en particulier un ensemble radio qui permet de recevoir la F.M.
Mon unité, équipée de matériels U.S., dispose d’une équipe américaine chargée d’amorcer les charges nucléaires que nous sommes sensés utiliser ; il convient de souligner que le déclenchement des tirs de ce type de projectiles est autorisé par le Président des U.S.A.

J’hérite d’un groupe très bien classé dans les épreuves de test effectuées sous contrôle U.S.; j’aurai quelques peines à le maintenir à sa place car la guerre n’est pas terminé en Algérie et à mon arrivée une partie importante de l’encadrement quitte le groupe; après un an, malgré de grandes difficultés, nous aurons repris la première place.

Les relations franco-américaines sont excellentes et j’admire la discipline des soldats U.S. qui me saluent avec plus de rigueur que mes canonniers L’Allemagne des années 60 se présente comme un pays en pleine résurrection, l’activité y est grande, frappante dans l’amélioration du réseau routier caractérisé par le décalage important entre autoroutes et route fédérales étroites et sinueuses ralentissant la circulation.

Nous effectuons de nombreuses manœuvres en une époque ou nous bénéficions d’un statut privilégié sur le territoire allemand; les forêts donnent toute possibilités à des exercices divers. Deux fois l’an nous manoeuvrons à la frontière tchèque, près de Bayreuth, dans un immense camp U.S. Nous découvrons un autre monde, riche,aseptisé, services luxueux, discipline rigoureuse parfaitement acceptée; si proche de l’ennemi possible nous ressentons une certaine angoisse. Me promenant dans les rues de Bayreuth, je suis pris pour un officier hongrois (ils portent le képi).En abordant cette région de la Bavière j’ai été étonné de la tenue des paysannes qui portent un fichu sur les cheveux comme en Europe de l’est, nous en sommes si près.

Par contre Nuremberg, parfaitement reconstruite, présente une très belle architecture dont quelques constructions ont été sauvegardées ou reconstruites tels les remparts; le stade géant, mais abandonné, permet d’imaginer ce qu’étaient les rassemblements nazis d’avant guerre alors que Hitler préparait les Allemands à le suivre dans ses aventures guerrières.

Notre présence au-delà du Rhin a pris toute sa valeur lors de la crise de Cuba durant laquelle Kroutchev et Kennedy ont joué un drame qui pouvait conduire à l’apocalypse puisque l’U.R.S.S. installait à Cuba des fusées nucléaires dirigées sur les U.S.A., le soutien des alliés à conduit les soviétiques à un retrait sans gloire. Il est évident que durant toute cette période nous étions en alerte et avions pris toutes dispositions. »