La
manoeuvre des équipes.
L'
E.C.L.: Équipe
de Commandement et de Liaison du régiment. En situation de crise
elle aurait été positionnée auprès du P.C.
d'une grande unité (Corps
d'Armée ou Division). Elle
donne les ordres nécessaires en fonction des frappes prèvues par la G.U.
Pour cela elle envoie les ordres aux P.C. de batterie et reçoit
les compte rendus.
Les ordres qu'elle donne sont les ordres de tir, de mouvement, de livraison,
de chargement, de montage des armes en choisissant la nature et la
puissance des armes en fonction des effets voulus par le commandement.
Elle détermine
les implantations des équipes en envoyant les ordres de reconnaissance,
pour cela elle donne les coordonnées d'un carré de 2 km
sur 2
pour chaque équipe de reconnaissance qui
doit trouver une position adéquate.
Après le tir d'une pièce, celle-ci faisant tout de suite
mouvement sur la position suivante, le principal
soucis de l'E.C.L. est d'envoyer au bon moment les ordres de mouvements
aux PC de batterie et aux SML pour que d'une part les liaisons
radio ne soient pas coupées et que les S.M.L. puissent assurer
leur travail de montage. En pratique les PC de batteries et les SML font
mouvement toutes les deux positions de rampe.
A la
bascule entre les deux ECL, celle qui se met en sommeil envoie
à l'autre la situation tactique à l'aide d'un tableau codé.
Le P.C de Batteries: Relai
entre les ECL et ses sections, il n'a qu'un rôle passif
dans la manoeuvre, il retransmet à ses équipes les ordres
de l'ECL et lui renvoie les comptes rendus de ses équipes.
Il travaille avec toutes les équipes
en F.M.(Modulation de Fréquence) et a une liaison par moyen
hertzien avec l'ECL. Il suit la manoeuvre de l'autre batterie par l'écoute
radio.
La reconnaissance de sa future position est faite par un officier
ou un sous-officier ancien (en général
un spécialiste
transmissions). Les points hauts sont systématiquement recherchés
pour avoir de bonnes liaisons radio. Lorsque le PC reçoit
son ordre de mouvement son commandant par seul avec sa jeep (ou Méhari)
et un Unimog sommairement aménagé en
PC. Arrivé
sur la nouvelle position il est instruit par sa reconnaissance sur les
messages qu'il n'aurait pas pu noter pendant le trajet puis prend la
main en informant le reste du P.C. qui fait alors mouvement pour le rejoindre.
La reconnaissance
de la pièce et l'équipe topo: Elle
est commandée par un
capitaine ou lieutenant ayant été chef de pièce
assisté d'un
sous-officier et d'une petite équipe de topographes. Au reçu
de l'ordre de reconnaissance l'équipe se porte dans le carré désigné en
fléchant l'itinéraire. Arrivé sur zone, l'officier
cherche une position de chargement, une position d'attente camouflée
et une position de tir en fonction du gisement probable de tir qu'il
a reçu.
La position de tir
étant choisie, l'équipe topo la matérialise en
marquant précisement
la position du goniomètre de la rampe et en définissant,
au moyens de jalons, une direction de référence pour
le pointage.
Dans la pratique l'équipe de reconnaissance reçoit une
nouvelle mission bien souvent avant que la pièce ne soit arrivée
sur la position reconnue.
En service en campagne courant, le point piqué sur la carte
et la direction du nord donné par l'aiguille aimantée du
théodolite suffisaient, mais
en tests l'équipe devait donner des éléments plus
précis en effectuant
des cheminements à partir d'une borne topographique repère
et calculer la direction du nord par l'intermédiaire d'un "soleil" (casse
tête
des sous-lieutenants à l'école d'artillerie car à l'époque
il n'y avait pas de calculettes). Mais les équipes étaient
bien entraînées
et il n'y avait jamais de problèmes la-dessus.
La pièce: Commandée
pour une durée de deux ans et quatre tirs réels par un
lieutenant c'est l'élément
essentiel de l'unité Honest-John. La pièce se déplace
d'une position de tir à une position de dégagement si la
nouvelle position de tir n'est pas reconnue ou directement sur la nouvelle
position de chargement puis va sur la position d'attente avant tir. C'est-à-dire
que la manoeuvte est basée
sur ses déplacements.
Le chargement se fait soit sur la place du village, soit à un
carrefour de pistes ou dans une clairière dans un bois.
La rampe et le CLD devant se trouver côte à côte,
le M55 et sa remorque arrivant perpendiculairement du côté du
CLD. S'il manque de place le chargement peut se faire par un méthode
de secours dite du "saute mouton" c'est à dire
que le CLD est positionné seul perpendiculairement au chemin,
le M55 se présente
d'abord, la roquette est soulevée de la remorque puis arrive la
rampe sur laquelle on dépose la roquette. Enfin en cas de panne
de CLD les unités possédant des remorques M405 peuvent
réaliser la chargement à la force des bras à l'aide du palan.
La roquette n'étant evidemment
pas tirée
au cours de la séquence de
tir fictive les équipes jouaient le jeu en déchargeant
puis rechargeant la roquette. La durée du chargement était
de l'ordre d'une demi-heure.
Pour la séquence de tir le Lieutenant préparait la position
par la pose d'une tresse à partir de l'emplacement laissé par
la reconnaissance suivant le gisement donné dans l'ordre de tir
puis calculait la valeur que devait afficher le goniomètre
(organe de pointage) de la rampe. Il fixait également l'emplacement
de l'anémomètre. Le chef de rampe alignait la rampe
sur cette tresse jusqu'à
ce que le goniomètre soit à l'aplomb de cet emplacement.
Le pointeur devait alors voir les deux jalons alignés dans son
oculaire et annonçait "Vu" lorsque c'était
le cas. Si les jalons n'apparaissaient pas alignés c'est que la
rampe un peu trop ou pas assez avancée, ce qui arrivait très rarement
avec des chefs de rampe expérimentés.
La séquence
de tir commençait
par la mise en batterie de la rampe, puis la désolidarisation
de la rampe et de la roquette, enfin la préparation
de la roquette elle même et l'affichage de la durée de trajet.
Le pointage en direction et hauteur étant
affichés
en fonction des éléments calculés par l'EPT.
La boite de mise à feu reliée à la roquette par
ligne téléphonique était
posée à un emplacement désigné par le chef
de pièce.
Pendant ce temps l'anémomètre se mettait en batterie
et était orienté par le chef de pièce pour connaître
la direction du vent en fonction du tir. Le boîtier de lecture du
vent était
posé à côté de
la boite de mise à feu.
Deux minutes avant le tir le chef de pièce communiquait
les valeurs moyennes en force et direction du vent à l'EPT qui
calculait les modifications
à apporter au pointage. Juste avant le tir le chef de pièce
remplaçait
une piéce de sécurité de la boite de mise à feu
par un bouchon qu'il détenait
et qui permettait la mise à feu de la roquette par impulsion électrique.
Comme toutes les opérations sur l'arme la séquence de tir
devait respecter une "check-list" et
ne devait pas dépasser
40 minutes.
Les E.P.T: L'Equipe de Préparation
de Tir, rattachée à la
pièce depuis
1969, était commandée par
un jeune officier (bien souvent un Aspirant ) assisté d'un jeune sous-officier et de de trois
calculateurs. Sa mission principale était dédiée
au calcul savant des éléments de tir à partir de tables en
tenant compte de la température de la poudre, de la hauteur d'explosion
ou de la rotation de la terre. La aussi l'équipe
était parfaitement préparée à ce genre d'exercice
et les tests étaient toujours passés avec succès.
Travaillant dans un Unimog "Shelterisé" dans des
conditions assez confortables le chef de l'EPT soulageait grandement le
chef de pièce en ce qui concerne l'écoute radio.
Les S.M.L.: La reconnaissance de la
position était effectuée par le chef de section qui en plus
du camouflage de ses vèhicules devait avoir comme préoccupations
de trouver un emplacement pour l'atelier de montage mais surtout de trouver
des emplacements et un circuit pour ses 4 M55. Avec la remorque ceux-ci
faisaient 20 mètres de long et ne
pouvaient que très difficilement faire demi-tour, plus par leur
encombrement que par leur maniabilité. Le chef de S.M.L. avait en
général
largement le temps de faire la reconnaissance de la position future puis
de retourner à sa
section.
En début de manoeuvre la SML possède 4 armes sur
remorque et 4 dans les M55, elle est réapprovisionnée par
le convoi de la BSS. Le montage se faisant sur ordre des ECL qui définissent
la puissance de la tête. A la fin de l'assemblage la roquette était
testée electriquement pour détecter d'éventuels problèmes de mise à feu.
Enfin notons que la manoeuvre était entièrement liée à la
livraison des roquettes dans les délais prescrits, tout retard
dans la livraison entraînant un retard
de tir.
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