Le service en campagne.
Le régiment
manoeuvrait dans un cadre stéréotypé et dans des
conditions tactiques irréalistes. Il s'agissait en effet d'effectuer
une véritable course vers l'avant avec une bordée des quatre
pièces
toutes les quatre heures. Ce qui faisait qu'au bout d'une demi-journée
les équipes seraient allègrement entrées dans les
zones de retombées
qu'elles auraient elles mêmes créées. D'autre part
le fameux ennemi rouge nous laissait toute liberté pour manoeuvrer
sans entraver, où très
peu, les plans du commandement. De temps en temps il neutralisait une
ECl ou obligeait de prendre un itinéraire de dégagement.
Il faut aussi noter, alors que seul le Président de la République
est autorisé à délivrer le feu nucléaire, à l'époque
on semblait tirer des roquettes nucléaires comme un régiment
d'artillerie tire ses obus. Quand aurait-il été dans la
réalité, si les Américains nous avaient donné les
armes? Sur les Pluton comme
sur toutes les armes nucléaires françaises il y avait et
il y a un contrôle
gouvernemental qui empêche toute explosion si le bon code de la
présidence
n'a pas été donné au départ du tir. Sur les Honest-John
il semble qu'il n'y ai eu rien de semblable.
Mais le seul but des manoeuvres était d'entraîner les équipes
en les maintenant en permanence sous pression. En faire un maximum dans
des délais
courts.
Enfin le gros avantage d'être sur roues permettait de travailler
en vraie grandeur et sans contraintes des pistes à char des camps de manoeuvre,
sur de grandes zones, telle une cavalerie légère.
Il
y avait deux grands rendez-vous annuels, au printemps et à l'automne
qui se déroulaient à proximité du camp américain
de Grafenwôhr au sud-est de Bayreuth. Il s'agissait d'une manoeuvre
de trois jours et deux nuits avec pour chaque pièce un tir réel
effectué
dans le camp en cours d'exercice. Ces manoeuvres
étaient dirigées et contrôlées au niveau de
chaque équipe
par le Commandement de l'Artillerie de Corps d'Armée renforcé d'officiers
d'un autre régiment
H-J. Elles commençaient par un exercice de déplacement
nocturne en black-out. Le régiment s'entraînait dès
le mois de Janvier parfois dans des conditions météorologiques
rigoureuses et dès
le début Septembre.
A la fin du printemps, il y avait une manoeuvre courte appelée
Danton où certaines équipes du régiment étaient
testées et notées.
Enfin le régiment subissait annuellement
un test d'alerte avec évacuation du quartier en moins
de trois heures pour aller en zone de regroupement. Cet exercice d'alerte
(exercice Mistral) était suivi d'une manoeuvre..
Les transmissions: Sur le terrain le
régiment se déplaçait
suivant deux itinéraires parallèles, un par batterie. Toutes
les équipes
devaient être positionnées à distance
de sécurité nucléaire
fixée à 5 Km.
En
raison de l'éloignement des équipes et leurs déplacements
les liaisons radio était le
principal souci de tous.
Les messages étaient normalisés et codifiés
en ordres et compte rendus. Ils étaient camouflés à l'aide
de tableaux à cases (appelés grilles Slidex) contenant
des chiffres et des mots. S'il
était facile de décoder un message codifié il
n'en était
pas de même pour un message émis pour des circonstances
exceptionnelles.
Ce système de camouflage semblait assez performant pour l'époque mais
n'avait évidemment rien à voir avec les procédés électroniques et informatiques
modernes.
Les équipes recevaient des ordres de reconnaissance, de mouvement,
d'assemblage des roquettes, de livraison et de tir. Elles renvoyaient
les comptes rendus afférents à ces ordres.
Il y avait plusieurs fréquences radio utilisables qui figuraient dans
l'Ordre de Base pour les Transmissions.
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