Historique du système d'arme.
Le
projet de l’arme Honest-John
a vu le jour dès 1950. L'équipe
du président Dwight Eisenhower compte sur les capacités
nucléaires américaines pour "compenser" l'avantage
soviétique en armes classiques. L’armée
américaine
voulait étudier les possibilités de lancer par un vecteur
non guidé une bombe nucléaire tactique. Ce système
devait être très mobile et utilisable comme l’artillerie
classique en zones de combats.
Car l’arme nucléaire
est considérée, par les Américains et les Soviétiques,
comme une super artillerie.
Les armes nucléaires sont censées
produire "un plus gros boum pour moins de dollars" (A
bigger bang for less Bucks). Son emploi est délégué jusqu’au
niveau du bataillon (équivalent du régiment pour la France).
Les Américains disposent même d’un obus nucléaire
de 230mm.
A l'époque
les deux super puissances étudièrent toute une gamme
d'armes nucléaires
pour équiper
de nombreux vecteurs, allant du missile air-air à la torpille,
en passant par des mines et les obus d'artillerie en plus de la classique
bombe larguée par avion.
Après de nombreuses controverses au sein de l’hexagone
quant à la précision d’une telle arme le projet
a quand même vu jour suite à des résultats probants.
Il reçu le nom de Honest-John, nom accrocheur, facile à retenir
pour que les troupes utilisatrices n’aient pas tendance à lui
donner un autre nom.
En Juin 1954 les huit premières batteries de l’artillerie
américaine furent créées et équipées
avec la fusée de 762 mm dite MGR1-A ou M1.
En 1959 le gouvernement américain, en
même temps qu'il accepte la livraison de 440 kg d'uranium enrichi
pour le réacteur de notre sous marin nucléaire de la
force de dissuasion stratégique, livre des roquettes Honest
John pour les unités des forces françaises en Allemagne.
En
1961 une roquette de deuxième génération la MGR1-B
ou XM 50 vit le jour.
L’Honest-John fut le principal système nucléaire
tactique des pays de l’OTAN. En 1973 il fut remplacé par
le Lance.
Mais les têtes nucléaires ne furent jamais propriété des états
de l'OTAN, les Américains étaient maîtres des dépôts
situés
à proximité des unités et contrôlaient l'aptitude
technique des équipes. Lorsque la France sortit de l'OTAN en
1966 les américains s'en allèrent en fermant leurs dépôts.
Il reste
à savoir si en cas de conflit ils auraient remis leurs armes à la
disposition de la France dans cette interrogation les
régiments et groupes HJ furent utilisés pour
l'instruction des unités destinées à servir
le futur missile français à ogive nucléaire,
le Pluton.
La dernière roquette de l'artillerie française a été tirée le 13 Avril 1976 à Graffenwöhr par la 4° section de tir de la 2° batterie du 50° R.A. Le Chef de Corps procédant symboliquement, lui même, à la mise à feu.
Au
moment où les derniers Honest
John ont été retirés de l'Europe en 1985,
le système d'armes avait servi dans les forces militaires de la Belgique,
de la Grande-Bretagne, du Canada, du Danemark (non nucléaire),
de la France, de l’Allemagne, de la Grèce, de l’Italie,
des Pays-Bas, de la Norvège (non nucléaire), de la
Corée du Sud, de Taiwan (non nucléaire), et de la
Turquie.
On
sait que la France bascula vers son propre système d’armes
Pluton à partir de 1973 et que le dernier Régiment Honest-John,
le 50° R.A., fut dissout à l’Eté 1976. |